Le Cap Vert, une présence Portugaise toujours vivante

Le Cap-Vert, archipel de dix îles situé au large des côtes africaines, a une histoire marquée par la colonisation portugaise qui a commencé en 1462. Bien que l’archipel ait acquis son indépendance en 1975, l’influence du Portugal y est toujours présente sous diverses formes. Dans cet article, nous allons explorer ce qui reste du Portugal au Cap-Vert aujourd’hui.

Le portugais est la langue officielle du Cap-Vert. Bien qu’une grande partie de la population parle le créole capverdien (Kriolu), le portugais est utilisé dans l’administration, l’éducation, les médias et les institutions officielles. Il s’agit d’une langue héritée directement de la période coloniale, qui témoigne de l’importance de l’influence portugaise sur l’archipel.

Cependant, le Kriolu, un mélange de portugais et de langues africaines, est parlé au quotidien par la majorité des habitants. C’est une forme de créolisation qui illustre comment les Capverdiens se sont approprié la langue du colonisateur pour en faire une partie de leur identité.

Le catholicisme, apporté par les missionnaires portugais, est la religion prédominante au Cap-Vert, avec environ 80 % de la population se déclarant catholique. Les fêtes religieuses, telles que Noël, Pâques, ou encore la fête de la Saint-Jean, sont largement célébrées, et de nombreuses églises anciennes, bâties par les colons, continuent d’être des lieux de culte importants.

Cependant, le catholicisme a également été influencé par des croyances africaines, créant une forme unique de spiritualité au Cap-Vert où les pratiques religieuses sont souvent mêlées à des rites traditionnels.

L’empreinte de l’architecture coloniale portugaise est encore visible dans les villes du Cap-Vert, notamment à Cidade Velha sur l’île de Santiago, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Fondée par les Portugais, Cidade Velha est la plus ancienne ville coloniale d’Afrique subsaharienne. On y trouve encore des bâtiments emblématiques tels que la Fortaleza Real de São Filipe et la Rue des Bananiers (Rua Banana), symboles de l’architecture portugaise.

Ces constructions, avec leurs façades en pierre et leur style épuré, rappellent les anciennes cités coloniales portugaises, bien que beaucoup aient été restaurées ou modifiées avec le temps.

La cuisine capverdienne témoigne d’un métissage culturel fort, mélangeant des influences portugaises, africaines et créoles. Les plats traditionnels, comme la « Cachupa », un ragoût à base de maïs, de haricots et de viande ou de poisson, sont souvent inspirés des techniques et des ingrédients apportés par les Portugais, mais revisités selon les ressources locales.

Le vin de l’île de Fogo, connu sous le nom de « vinho do Fogo », est également un héritage portugais. La tradition viticole a été introduite par les colons portugais, et le vin est encore produit aujourd’hui dans cette île volcanique.

Les noms de famille portugais sont extrêmement courants au Cap-Vert, une autre trace directe de la colonisation. Des noms tels que Fernandes, Silva, et Mendes sont omniprésents et constituent un héritage culturel indélébile.

Sur le plan culturel, la musique capverdienne, bien qu’elle ait ses racines dans les rythmes africains, est aussi marquée par des influences portugaises, notamment à travers des genres comme la morna, comparable au fado portugais, qui exprime des thèmes de nostalgie et de tristesse.

Le système éducatif capverdien est largement inspiré du modèle portugais, et de nombreux enseignants sont formés en langue portugaise. De plus, plusieurs Capverdiens partent étudier au Portugal, renforçant les liens entre les deux nations. 

D’un point de vue juridique, le Cap-Vert a conservé une grande partie du cadre légal portugais. Le droit civil capverdien est en grande partie basé sur le modèle portugais, bien que des ajustements aient été faits pour l’adapter au contexte local.

Depuis l’indépendance en 1975, les relations entre le Cap-Vert et le Portugal restent très proches. Le Portugal est l’un des principaux partenaires commerciaux et économiques du Cap-Vert. De nombreux Capverdiens émigrent également au Portugal, où la diaspora capverdienne est bien établie, notamment à Lisbonne.

Le Cap-Vert fait également partie de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), un regroupement d’anciennes colonies portugaises qui maintient des liens culturels, économiques et diplomatiques forts entre ces pays et le Portugal.

Bien que le Cap-Vert soit un pays indépendant depuis près de cinq décennies, l’influence du Portugal reste très présente dans la langue, la culture, les traditions religieuses, et les structures sociales. Cependant, les Capverdiens ont su s’approprier cet héritage et le mélanger à leurs racines africaines pour créer une culture unique, reflet d’une histoire complexe mais résiliente.

L’héritage portugais au Cap-Vert n’est pas un simple souvenir du passé colonial, il fait partie intégrante de l’identité capverdienne moderne.

David L