États généraux de la lusodescendance

Et voilà !…mission accomplie !

Les 1er Etats Généraux de la Lusodescendance ont eut lieu et le Centre Franco-Portugais y était, dignement représenté 😉 par Guillaume Étienne, David Brandão lourenço et Héléne Amoroso.

C’était à Paris…les 28 et 29 janvier.

Ces deux journées de travail autour de la lusophonie ont été proposées et organisées par l’Association « Cap Magellan », qui pour fêter ses 25 ans d’existence, a fait le choix d’un Colloque.

Il aurait certes été plus simple pour eux, de faire la fête entre membres. Mais cette association constituée de jeunes hyper dynamiques, se revendiquant comme des « Agitateurs Lusophones » a fait le choix audacieux de réunir autour d’eux, un maximum de lusophones et de lusophiles pour débattre de différents thèmes.

BRAVO à eux pour cette belle initiative !!

Et c’est donc la « Maison du Portugal » dans l’enceinte de la Cité internationale universitaire de Paris qui a accueilli l’évènement pendant ces deux jours. Un lieu symbolique, qui autrefois accueillait les étudiants portugais, mais qui, aujourd’hui, totalement rénovée, est devenue une des vitrines lusophones à Paris.

Pendant ces deux journées, trois thèmes ont été abordés sous la forme d’ateliers. Tous sous un même format :

Avec tout d’abord, la présence et le regard expert de « grands observateurs » qui chacun dans sa spécialité, avaient en charge, le constat d’une réalité de terrain. Et celle de faire une synthèse à la fin de chaque thématique.

La présence et le témoignage de « grands témoins » choisis en fonction de leurs vécus. Ils ont partagé leur expérience avec l’ensemble des participants.

Le premier atelier traitait de :

1 – La promotion de la langue portugaise

Atelier qui a mis en exergue les difficultés rencontrées par les Associations et les particuliers pour trouver des professeurs de portugais sur l’ensemble du territoire français, et plus particulièrement en province.

Le constat que l’on déplore malheureusement une inégalité de moyens entre Paris /et sa région, et la Province. (Par ex : l’existence d’une section internationale franco-portugaise au Lycée Montaigne à Paris) sans aucune équivalence ailleurs en France.

Le triste constat que l’apprentissage du portugais en France ne bénéficie pas de la même aura que l’enseignement de l’espagnol ou l’anglais par exemple. Alors qu’au regard de l’importance de la communauté lusophone en France, celle-ci pourrait prétendre à plus !

L’idée aussi, que la langue portugaise doit changer de statut, en cessant d’être une langue d’immigrés pour devenir une langue de prestige international. Et que cela passe aussi par le fait que la communauté portugaise doit absolument dépasser son « complexe d’infériorité ».

En conclusion, plusieurs propositions ont été faites par des entités enseignantes et d’État pour dire :
– Qu’il faut créer une synergie entre les parents d’élèves, les professeurs, les dirigeants et les associations.
– Qu’il faut constituer un réseau pour travailler sur la promotion de l’enseignement du portugais auprès des autorités françaises.
– Que pour redonner à la langue portugaise, le prestige qu’elle mérite, il faudrait aussi promouvoir sa littérature. En créant par exemple, tous les ans, une « semaine culturelle ».

Le second atelier portait sur :

2 – La citoyenneté chez les lusodescendants

Avec un premier constat : celui que la communauté portugaise est la plus importante en France, mais c’est aussi celle qui vote le moins !
Et des chiffres qui parlent d’eux-mêmes :
Environ 500.000 portugais en France et seulement 90.000 inscrits sur les listes électorales.

Une des solutions serait le recensement automatique ; une mesure, déjà à l’étude par le gouvernement portugais.

L’autre solution proposée par un élu lusodescendant, serait qu’aujourd’hui on pourrait inverser les rôles : et pourquoi pas, envisager que nous, lusodescendants, citoyens français à part entière, puissions à notre tour guider nos parents et nos grands parents vers cette démarche citoyenne.

Il est également ressorti l’idée qu’il faut distinguer d’une part, le vote de la communauté portugaise dans le référendum français. Et d’autre part, le vote de cette même communauté dans les élections présidentielles au Portugal.

Dans un autre registre, la citoyenneté n’étant pas limité au seul acte politique, José Luis Carneiro, le Secrétaire d’État aux communautés a proposé à l’ensemble des intervenants de télécharger sur son téléphone, l’application « Registo viajante », une sorte de logiciel d’urgence destiné à localiser partout dans le monde chaque portugais victime d’attentats. C’est également un lanceur d’alertes pour prévenir d’une éventuelle instabilité politique ou sociale d’un pays si l’on était amené à s’y rendre.

Le troisième et dernier atelier traitait de :

3 – La promotion de la culture : l’importance du tourisme et de la mémoire

En ce qui concerne « la mémoire », un premier constat a été, à juste titre démontré par un historien, maître de conférence à Pau ; Vítor Pereira, qui nous a conforter dans l’idée que l’on doit cesser d’avoir une idée étriquée de l’histoire de l’immigration portugaise !
Celle-ci faisant partie intégrante à la fois de l’histoire de France et de l’histoire du Portugal.

Que nous TOUS…que nous soyons immigrés, fils d’immigrés, lusodescendants de première, deuxième ou troisième génération, nous faisons déjà partie de l’Histoire.

Une proposition a été lancée par Marie-Hélène Euvrard, Présidente du CCPF (Coordination des collectivités portugaises de France) que le centenaire de la fin de la première guerre mondiale en 2018 soit conjointement commémoré par la France et le Portugal, en mémoire pour les soldats portugais tombés pour la France.

En ce qui concerne le tourisme, il a été dit par tous les « Grands observateurs » que le tourisme français au Portugal ne cesse de croître. Le Portugal étant devenu la quatrième destination préférée des français, avec chaque année, 2 millions de touristes.

Mais tout en restant vigilant avec ce tourisme de masse qui ne doit pas se faire au détriment des portugais contraints de quitter les centres historiques des grandes villes à cause de la promotion immobilière.

Et en conclusion de ces deux jours de colloque, le but final des trois thèmes développés a été d’aboutir à une CHARTE D’ENGAGEMENT DES PREMIERS ETATS GÉNÉRAUX DE LA LUSODESCENDANCE. Une Charte qui après lecture et révision sera prochainement signée par les différentes structures participantes.

Les États Généraux étant voués à se reproduire tous les deux ans pour réviser cette Charte.

Et tout au long des ateliers, nous avons eu la chance d’écouter de beaux témoignages et hommages à nos parents, nos grands-parents qui ont eut, un jour l’audace de quitter leur pays pour offrir une vie meilleur à leur famille.
Car c’est bien pour eux et grâce à eux, que nous n’oublions jamais d’où nous venons.

Et puis ces deux journées de travail et de rencontres se sont soldées par un concert mémorable du groupe portugais « Resistência » au Bataclan.
Et la fin du week-end a vu vibrer le cœur de 1700 personnes à l’unisson avec le groupe et l’équipe de Cap Magellan dans cette salle de concert tristement devenue mythique.

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En somme, ces deux jours à Paris ont été une véritable aventure humaine de laquelle, on a eut du mal à se détacher lorsqu’il a fallut rentrer à Bourges.
Nous avons fait de belles rencontres que nous allons tâcher de mettre à profit.
Et que dire de ce sentiment de fierté d’appartenir à cette belle lusophonie. Un sentiment qui a été encore plus exacerbé par tout ce que nous vu et entendu pendant ces deux jours.

Mais il me semble qu’il faut être lusodescendant pour comprendre qu’il ne s’agit pas là, d’une quelconque attitude de repli sur soi ou de communautarisme. Mais bien au contraire d’une ouverture vers les autres. Car nous sommes lusodescendants, nous sommes français, nous sommes portugais, nous sommes européens. 

Hélène Amoroso